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XII

La fête n’était pas très gaie dans la cour de Pokrosvkoïé. Bien que la journée fût très belle, les gens ne sortaient pas s’amuser ; les jeunes filles ne se réunissaient pas pour chanter leurs chansons ; les garçons, les ouvriers de fabrique venus de la ville, ne jouaient ni de l’accordéon, ni de la balalaïka et ne s’amusaient pas avec les jeunes filles. Tous étaient assis dans leurs coins, et s’ils causaient, c’était bas, comme si quelque esprit malveillant, ici présent, pouvait les entendre. Dans la journée ce n’était encore rien, mais le soir, quand la nuit fut venue, les chiens se mirent à hurler, et, comme exprès, le vent s’éleva et hurla dans les cheminées. Tous les habitants de la cour étaient pris d’une telle frayeur, que tous ceux qui possédaient des cierges les allumèrent devant les icônes. Celui qui était seul dans son coin allait demander asile pour la nuit chez un voisin où il y avait plus de monde ;