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qui montaient racontaient la même chose. Ilitch, en chemise et en caleçon, était pendu à une poutre, avec la corde qu’il avait retirée du berceau. Son bonnet était tombé de côté. Il avait ôté la pelisse et l’armiack, les avait pliés et mis à côté ; ses jambes frôlaient le sol et il ne donnait plus signe de vie. Akoulina, revenue à elle, voulait gravir de nouveau l’escalier, mais on la retint.

— Petite mère, Siomka s’est noyé ! cria tout à coup du coin, la fillette zézeyante.

Akoulina s’élança dans le coin. Le bébé, immobile, était couché sur le dos, au fond du baquet, les jambes inertes. Akoulina l’enleva vivement ; mais l’enfant ne respirait plus, ne remuait pas. Akoulina le jeta sur le lit, et s’appuyant sur les mains, elle éclata d’un rire si fort et si effrayant que Machka, qui s’était d’abord mise à rire, se boucha les oreilles et s’enfuit en pleurant dans le vestibule. Des gens, criant, pleurant, entraient dans le coin. On sortit l’enfant dehors, on se mit à le frotter ; mais tout était inutile. Akoulina, étendue sur le lit, poussait de tels éclats de rire que tous ceux qui l’entendaient en étaient effrayés. Maintenant seulement, en voyant cette foule mélangée d’hommes, de femmes, de vieillards, d’enfants, qui se tenait dans le vestibule, on pouvait se rendre compte quelle masse de gens et de quelle sorte vivaient dans le pavillon de la cour.

Tous se remuaient, parlaient beaucoup, pleu-