laissant libres les traits attachés à l’arc. Mais tout cela était encore plus couvert de neige qu’auparavant. La neige tourbillonnait devant, de côté, s’amoncelait sur les patins, enveloppait les pattes des chevaux jusqu’aux genoux et d’en haut tombait sur les bonnets et les collets. Le vent soufflait tantôt à droite, tantôt à gauche, se jouait dans le collet et les pans de l’armiak d’Ignachka, ou dans la crinière du bricolier, et se brisait sur l’arc ou entre les brancards.
Il faisait terriblement froid, et à peine m’étais-je risqué un peu hors de mon collet, que la neige froide, sèche, en tourbillonnant, remplissait mes yeux, mon nez, ma bouche, surtout mon cou. Autour de moi tout était blanc, clair, couvert de neige. Rien nulle part, sauf la lumière brumeuse et la neige. Je commençais à être sérieusement inquiet. Aliochka dormait à mes pieds, au fond même du traîneau. Tout son dos était couvert d’une épaisse couche de neige. Ignachka ne perdait pas courage : il tirait sans cesse les guides, stimulait les chevaux, et frappait du pied. Les sonnettes avaient le même son merveilleux. Les chevaux s’ébrouaient, et couraient toujours mais moins vite et en trébuchant de plus en plus fréquemment. Ignachka sautillait de nouveau, agitait ses moufles ; et, de sa voix aiguë, forcée, entonnait une chanson. Sans achever la chanson, il arrêta la troïka, jeta les guides sur son siège et descendit. Le vent hurlait