Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol5.djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ses invectives ; quand il lui sembla que c’était assez, il s’approcha du second traîneau.

— Les as-tu attrapés tous ? — lui demanda-t-on de là.

— Certainement.

Et son petit corps, dont la poitrine, pendant le trot, était aplatie sur le dos du cheval, sauta alors dans la neige ; et sans s’arrêter, attrapant le traîneau, il y tomba en laissant les jambes au-dessus du rebord. Le grand Vassili, comme auparavant, s’assit en silence dans le traîneau de devant avec Ignachka et, avec lui, se mit à chercher la route.

— En voilà un insolent… Ô Dieu, petit père ! murmura mon postillon.

Après cela, longtemps nous marchâmes sans nous arrêter dans le désert blanc, sous la lumière froide, transparente et vacillante de la tourmente. J’ouvre les yeux et je vois le même bonnet grossier, et le même dos couvert de neige se dresse devant moi ; le même petit arc, sous lequel, entre les guides de cuir tendues, se balance toujours, à la même distance, la tête du cheval du milieu, dont la crinière noire est régulièrement rejetée de côté par le vent ; à travers le dos, je vois à droite le même bricolier bai à queue courte noire, et le palonnier qui de temps en temps frappe sur le bois du traîneau. En bas, les patins du traîneau coupent toujours la même neige fine et le vent sou-