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UNE


TOURMENTE DE NEIGE


RÉCIT


(1856)




I

Vers sept heures du soir, après avoir bu le thé, je quittai le relais dont je ne me rappelle plus le nom, mais je me souviens que c’était quelque part sur le territoire de l’armée du Don, près de Novotcherkask. Il faisait déjà nuit lorsqu’enveloppé dans la pelisse et le tablier, je m’assis dans le traîneau à côté d’Aliochka. Derrière la maison du relais le temps semblait chaud et calme. Bien que la neige ne tombât pas, nulle étoile ne s’apercevait au-dessus de nos têtes et le ciel paraissait très bas et noir en comparaison de la plaine de neige très pure qui s’étendait devant nous.

Ayant à peine dépassé la silhouette sombre des moulins, dont un l’agitait gauchement ses grandes