lui. Mais Katia a jauni, s’est ridée, ses yeux ne brillent plus de joie et d’espoir, mais expriment la triste compassion et le regret. Nous ne nous enthousiasmons plus de lui comme autrefois, nous le jugeons. Nous ne nous disons plus, étonnées : pourquoi et par quelles raisons nous sommes heureuses ; nous ne voulons pas, comme autrefois, raconter à tout le monde ce que nous pensons. Nous chuchotons comme des conspirateurs et pour la centième fois demandons pourquoi tout s’est-il changé si tristement. Et lui est toujours le même ; seulement, entre les sourcils, des rides plus profondes, sur les tempes plus de cheveux gris. Mais le regard profond, attentif m’est toujours voilé d’un nuage. Moi aussi, je suis toujours la même ; mais, il n’y a en moi ni amour, ni désir d’aimer. Il n’y a pas de besoin de travail, pas de satisfaction de soi-même. Et mes anciens élans religieux sont si loin et me semblent aussi impossibles que mon ancien amour pour lui et ma plénitude ancienne de vie. Je ne comprends pas maintenant ce qui me semblait jadis si clair et si juste : le bonheur de vivre pour un autre. Pourquoi pour un autre, quand pour moi-même, il n’y a pas de désir de vivre ? Depuis Pétersbourg, j’avais abandonné tout à fait la musique ; mais maintenant le vieux piano, l’ancienne musique m’entraînaient de nouveau. Un jour, me sentant mal à l’aise, je restai à la maison ; Katia et Sonia allèrent avec lui à Nikols-
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