chantés d’elle. Moi-même je l’admire et si possible je l’aime encore davantage. »
— « Ah ! voilà ce que je suis ! » — pensai-je ; — et je devenais gaie et bonne, et il me semblait l’aimer plus encore. Le succès que j’obtenais chez toutes nos connaissances était tout à fait inattendu pour moi. De tous côtés on me disait, là, que j’avais plu particulièrement à un oncle ; ailleurs, qu’une tante était folle de moi ; qu’un tel disait qu’à Pétersbourg il n’y avait pas de femme comme moi. Un autre m’affirmait que je n’avais qu’à le vouloir pour devenir la femme la plus recherchée de la société. Surtout la cousine de mon mari, la princesse D… une femme déjà plus jeune, mondaine, qui tout d’un coup s’entichait de moi, disait de moi les choses les plus flatteuses qui me tournaient la tête. Quand cette cousine m’invita pour la première fois au bal et en parla à mon mari, il s’adressa à moi avec un sourire rusé à peine visible et me demanda si j’y voulais aller. J’inclinai la tête en signe de consentement et me sentis rougir.
— Elle avoue comme une criminelle ce qu’elle désire, — dit-il avec un rire heureux.
— Mais, c’est toi, tu le sais bien, qui as dit que nous ne pouvions aller dans le monde et même tu n’aimes pas cela, — répondis-je en souriant et avec un regard suppliant.
— Si tu en as un grand désir, allons-y, — fit-il.
— Vraiment, ce sera mieux de n’y pas aller.