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— Allons tout de suite, — dit le prince.

— Non, à aucun prix.

— Ah ! assez, c’est ridicule. Allons.

Ils y sont allés.

Ils revinrent ici à une heure. Ils se mirent à souper.

Beaucoup étaient réunis et les meilleurs clients : Atanov, prince Razine, comte Choustakh, Mirtzov. Et tous félicitent Nekhludov et rient. On m’appelle. Je vois qu’ils sont assez gais.

— Félicite monsieur, — disent-ils.

— De quoi ? — demandai-je.

Comment a-t-il dit : de sa conversion ou conversation ? Je ne me rappelle plus bien.

— J’ai l’honneur de vous féliciter, — dis-je.

Il reste rouge, et sourit seulement. Ah, quel rire !

Bon, ensuite, tous, très gais, passent dans la salle de billard. Lui s’accoude et dit :

— Pour vous c’est drôle et pour moi c’est triste. Pourquoi ai-je fait cela ? Ni à toi, prince, ni à moi, je ne pardonnerai cela de ma vie.

Et il se mit à pleurer, à sangloter.

Certainement qu’il ne savait lui-même ce qu’il disait.

Le prince s’approche de lui et sourit.

— Assez de bêtises, — dit-il. — Allons à la maison, Anatole.

— Je n’irai nulle part, — dit-il. — Pourquoi ai-je fait cela ?