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LE BONHEUR CONJUGAL
ROMAN
(1859)
PREMIÈRE PARTIE
I
Nous étions en deuil de notre mère, morte en automne, et nous trouvions pour tout l’hiver à la campagne, seules, moi, Katia et Sonia.
Katia était la vieille amie de la maison, l’institutrice qui nous avait tous élevés, et je me la rappelais et l’aimais depuis que je me souvenais de moi-même. Sonia était ma sœur cadette.
Nous passions l’hiver sombre et triste dans notre vieille maison de Pokrovskoïé. Le temps était froid, venteux, si bien que la neige s’entassait jusqu’à hauteur des fenêtres. Les vitres étaient presque toujours gelées et ternes, et presque tout