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perflu pour son travail dont vous avez joui. Et vous, avec un sourire froid, du haut de vos brillants palais, vous l’observiez comme un phénomène, et parmi des centaines d’entre vous, heureux et riches, il ne s’en trouvait pas un, pas une, qui lui jetât quelque chose ! Honteux il s’éloignait de vous, et la foule insensée, avec des rires, persécutait et injuriait… non pas vous, mais lui, parce que vous étiez froids, cruels et malhonnêtes, parce que vous lui aviez volé le plaisir qu’il vous offrait ; pour cela on l’injuriait.

» Ce sept juillet 1857, à Lucerne, devant l’hôtel Schweizerhof où habitent des hommes riches, un musicien ambulant chanta pendant une demi-heure et joua de la guitare. Près de cent personnes l’écoutaient. Le chanteur demanda trois fois à la foule de lui donner quelque chose, pas un seul ne lui donna et beaucoup se moquèrent de lui ».


Ce n’est pas une invention, c’est un fait certain que peuvent vérifier ceux qui le veulent près des hôtes de Schweizerhof en cherchant dans les journaux, quels étrangers occupaient l’hôtel le 7 juillet.

Voilà un fait que les historiens de notre époque doivent inscrire en lettres brûlantes, indélébiles. Cet événement est plus grand, plus sérieux et a un sens plus profond que les faits notés dans les journaux et les histoires. Ce fait que les Anglais