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sied sur le petit divan. Bon ! « Qui peut-il être ? C’est-à-dire à quelle classe appartient-il ? » pensai-je.

Il était vêtu proprement, élégamment, si proprement que tous ses vêtements avaient l’air de sortir de chez le tailleur : pantalons à carreaux, veston à la mode, très court, gilet de peluche et chaîne de montre en or avec une foule de petites breloques. Il est vêtu avec soin, mais sa personne même est encore plus élégante : mince, taille élevée, cheveux frisés sur le devant, à la mode, visage blanc et rose, en un mot un beau garçon.

C’est connu, on sait que nous voyons des gens de toutes sortes, le monde le plus huppé vient là, et aussi beaucoup de déguenillés… alors, bien qu’on soit marqueur, on s’habitue aux hommes, c’est-à-dire qu’on entend quelque chose à la politique.

Je regarde le monsieur. Je vois qu’il s’assied tranquillement, ne connaît personne ; son costume est tout neuf. Je pense : oui, c’est un étranger, un Anglais, ou un comte nouvellement arrivé. Malgré sa jeunesse il a l’air assez important. Près de lui était Oliver, qui, lui-même, s’écarta.

La partie était finie. Le grand avait perdu. Il me cria :

— Toi, tu mens toujours, tu comptes mal, tu es distrait.

Il m’injuria, jeta la quille et s’en alla. Et voilà !