dans une chemise déchirée, sale, dormait d’un sommeil de mort sur le divan de maroquin où on l’avait installé hier soir sans connaissance. « Quelque chose ne va pas », pensa involontairement Delessov.
— Va, je te prie, de ma part, chez Borazovskï, et demande-lui son violon pour deux jours. Pour lui… — fit-il au valet — Quand il s’éveillera, fais-lui boire du café et donne-lui quelque chose de mon linge et de mes vieux habits. En général, satisfais-le bien, je t’en prie.
Quand Delessov rentra à la maison, tard le soir, à son étonnement il ne trouva pas Albert.
— Où donc est-il ? — demanda-t-il à son valet.
— Aussitôt après dîner, il est parti — répondit le valet. — Il a pris le violon et s’en est allé en promettant de revenir dans une heure et il n’est pas encore là.
— Ta, ta, ta, c’est fâcheux ! — prononça Delessov — Pourquoi l’as-tu laissé sortir, Zakhar ?
Zakhar était un valet pétersbourgeois qui servait Delessov depuis huit ans. Delessov en célibataire vivant seul lui confiait malgré lui ses intentions et aimait à avoir son opinion sur chacune de ses entreprises.
— Comment aurais-je osé ne le pas laisser ? répondit Zakhar, en jouant avec son cachet en breloque. Si vous m’aviez dit, Dmitri Ivanovitch,