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Personne n’était particulièrement heureux de rencontrer sur le boulevard le capitaine en second Mikhaïlov, sauf peut-être les capitaines de son régiment Objogov et Souslikov qui lui serrèrent chaleureusement la main ; le premier avait des pantalons de poil de chameau, il était sans gants, en capote usée, son visage était si rouge et si en sueur et l’autre était si fort et si sans-gêne qu’on avait honte démarcher à côté d’eux, surtout devant les officiers en gants blancs (parmi lesquels un aide de camp, que le capitaine en second Mikhaïlov salua ainsi qu’un autre officier d’état-major qu’il pouvait saluer, car il l’avait rencontré deux fois chez un ami commun). En outre, qu’y avait-il d’agréable pour lui à se promener avec messieurs Objogov et Souslikov qu’il rencontrait six fois par jour, chaque fois leur serrant la main. Ce n’était donc pas eux qui l’attiraient à la musique. Il voulait s’approcher de l’aide de camp qu’il avait salué et causer à ces messieurs, non pour que les capitaines Objogov, Souslikov, le lieutenant Pachtetzkï et les autres vissent qu’il causait avec eux, mais tout simplement parce que c’étaient des hommes agréables qui de plus savaient toutes les nouvelles et pouvaient les raconter.

Mais pourquoi donc le capitaine en second Mikhaïlov a-t-il peur et ne se décide-t-il pas à s’approcher d’eux ? « Et si tout d’un coup, ils ne me saluaient pas ? » pense-t-il, « ou s’ils saluent froide-