Vingt ans se sont écoulés. Beaucoup d’eau a coulé depuis, beaucoup de gens sont morts, beaucoup sont nés, beaucoup ont grandi et vieilli ; et en plus grand nombre encore des idées sont nées et ont disparu ; beaucoup du beau et du mauvais d’autrefois n’est plus ; beaucoup de beau neuf a grandi et encore plus de neuf informe, monstrueux a paru au monde.
Le comte Fédor Tourbine, depuis longtemps déjà, avait été tué en duel par un étranger qu’il avait cravaché dans la rue ; son fils, qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau se ressemblent, était déjà un charmant jeune homme de vingt-trois ans et servait comme cavalier-garde. Moralement, le jeune comte Tourbine ne ressemblait pas du tout à son père. Il n’y avait pas même en lui une ombre de ces penchants belliqueux, passionnés et à vrai dire débauchés, du siècle passé. Avec l’intelligence,