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coup, à la dernière note, il se dressait, et comme s’il se sentait supérieur à tout au monde, fièrement et résolument lançait la guitare avec son pied, la retournait, frappait du pied, secouait sa chevelure, et fronçant les sourcils, regardait tout le chœur. Tout son corps, du cou aux talons, commençait à tressaillir dans chaque fibre… et vingt voix énergiques, fortes, chacune de toutes leurs forces se répondaient de la façon la plus étrange et la plus extraordinaire et résonnaient dans l’air. Les vieilles tressaillaient sur leurs chaises, agitaient leurs mouchoirs et, montrant leurs dents, commençaient à crier en mesure, l’une plus haut que l’autre. Les basses, la tête penchée et le cou tendu, mugissaient debout derrière les chaises.

Quand Stiocha prenait les notes élevées, Iluchka approchait d’elle la guitare, comme s’il voulait l’aider, et le joli jeune homme s’écriait, enthousiasmé, que maintenant les bémols étaient en jeu.

Quand commencèrent les chants accompagnés de danse, que Dounachka, avec des mouvements des épaules et de la poitrine, passa en se développant devant le comte puis plongea plus loin, Tourbine quitta sa place, ôta son uniforme et resté en chemise rouge, se mit à danser avec elle en mesure, en faisant de tels pas que les tziganes se regardaient mutuellement avec un sourire approbatif.

L’ispravnik s’assit à la turque, du poing se frappa