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À peine Tourbine lâchait-il les bras qu’il serrait si fort que deux gentilshommes saisissaient déjà le jeune homme et l’entraînaient vers la porte du fond.

— Quoi ! vous êtes fou ? Ou vous êtes ivre sans doute. Il faut le dire à votre père. Qu’avez-vous ? — lui disait-on.

— Non, je ne suis pas ivre, mais il pousse et ne s’excuse pas. C’est un cochon ! Voilà ce qu’il y a ! — criaillait le jeune homme tout en larmes.

Cependant on ne l’écoutait pas et on l’emmena chez lui.

— Ne faites pas attention, comte, — disaient à Tourbine l’ispravnik et Zavalchevskï. — C’est un enfant, on le fouette encore, il n’a que seize ans. Et que lui est-il arrivé, on ne peut le comprendre. Quelle mouche l’a piqué ? Son père est un homme si respectable, notre candidat…

— Eh bien ! Que le diable l’emporte s’il ne veut pas…

Et le comte retournait dans la salle et comme auparavant, dansait gaîment l’écossaise avec la jolie veuve et riait de tout cœur en regardant les pas que faisaient les messieurs venus avec lui du cabinet, puis éclata d’un rire sonore quand l’ispravnik glissa et s’étala de tout son long au milieu des danseurs.