Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un petit homme à favoris, aux grands yeux doux, et racontait, d’abord dans le silence général, puis au milieu des éclats de rire, qu’à son arrivée en congé, on avait d’abord été très content de lui, mais qu’après, son père l’avait envoyé au travail, et que, pendant ce temps, le garde forestier faisait chercher sa femme en voiture. Tout ca amusait beaucoup Volodia. Non seulement il n’avait nulle peur et n’était pas incommodé de l’exiguïté ni de l’odeur forte du blindage, mais il était vraiment gai et content.

Beaucoup de soldats ronflaient déjà. Vlang était aussi allongé sur le sol, et le vieil artificier, étendant sa capote, faisait le signe de la croix et murmurait ses prières avant de s’endormir. Volodia voulut sortir du blindage et regarder ce qui se passait dans la cour.

— Retirez les jambes ! — crièrent les soldats, dès qu’il se leva, et pour lui laisser le passage les jambes se serrèrent.

Vlang, qui semblait dormir, leva tout à coup la tête, et saisit Volodia par le pan de son manteau.

— Voyons, ne sortez pas ! Est-ce possible ? — disait-il d’un ton convaincu et avec des larmes. — Vous ne savez pas encore. Là-bas des boulets tombent sans cesse ; ici, c’est mieux.

Mais, malgré les supplications de Vlang, Volodia sortit du blindage et s’assit au seuil où déjà était Melnikov.