Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— dit en riant celui qui accourait au blindage.

— Ah ! Vassine n’aime pas les bombes ! Non, il ne les aime pas ! — dit quelqu’un du groupe aristocratique.

— Quoi ! quand il le faut, c’est une autre affaire, — dit lentement la voix de Yassine. Quand il parla, tous les autres se turent. — Le vingt-quatre on a tiré comme il faut. Et quel mal y a-t-il là-dedans ? Si l’on tue pour rien, les chefs n’en diront pas merci à notre frère.

À ces paroles de Vassine, tous se mirent à rire.

— Voilà Melnikov, il reste toujours dans la cour, — dit quelqu’un.

— Envoyez-le ici, ce Melnikov ! — ajouta le vieil artificier, — autrement on le tuera pour rien.

— Qui est-ce, Melnikov ? — demanda Volodia.

— Ah ! Votre Noblesse, il y a chez nous un sot, il ne craint absolument rien, et maintenant il marche dehors tout le temps. Veuillez le voir, il ressemble à un ours.

— Il connaît un sortilège, — ajouta de l’autre coin la voix lente de Vassine.

Melnikov entra dans le blindage. C’était un homme gros (chose très rare parmi les soldats), roux, rouge, avec un énorme front bombé et des yeux saillants bleu-clair.

— Eh quoi ! As-tu peur des bombes ? — lui demanda Volodia.

— Pourquoi avoir peur des bombes ? — répondit