Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/198

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Comment, est-ce que vous ne le connaissez pas ? — intervint Diadenko. — Il refusera autre chose, mais à Monsieur, jamais. Voulez-vous parier ?

— Oh ! on vous connaît déjà. Vous contredites toujours.

— Je contredis parce que je sais. Il est avare pour certaines choses, mais il donnera le cheval, parce qu’il n’a aucun intérêt à le refuser.

— Comment, il n’a pas d’intérêt quand l’avoine coûte ici huit roubles, — dit Kraut. — Il a donc tout intérêt à ne pas avoir un cheval de plus.

— Demandez qu’on vous donne Sançonnet, Vladimir Semionovitch, — dit Vlang qui revenait avec la pipe de Kraut, — c’est un superbe cheval.

— Duquel, à Soroki, vous êtes tombé dans un fossé ? Hein, Vlanga ? — remarqua le capitaine en second.

— Non, mais que dites-vous ? Que l’avoine coûte huit roubles, — continuait à discuter Diadenko, quand d’après la liste c’est dix roubles cinquante ? Sans doute ce n’est pas un avantage.

— Et comment ne leur reste-t-il rien ? Si vous étiez le commandant de la batterie, alors je crois que vous ne donneriez pas de cheval pour aller en ville.

— Quand je serai commandant de la batterie, mon vieux, chaque jour les chevaux auront quatre garnetz[1] de ration. Je ne m’enrichirai pas, n’ayez crainte.

  1. Le garnetz vaut 3 lit. 277.