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paternel, ce qui était très agréable à Volodia. Le sous-lieutenant Diadenko, le jeune officier qui parlait avec un accent petit-russien, en capote déchirée, les cheveux ébouriffés, bien qu’il parlât très haut et cherchât sans cesse l’occasion de discuter et qu’il eût des mouvements brusques, plut quand même à Volodia qui, sous cet extérieur grossier, ne pouvait pas ne pas voir en lui un homme très bon et très doux. Diadenko offrait sans cesse ses services à Volodia et lui prouvait qu’à Sébastopol aucun canon n’était placé dans les règles. Le lieutenant Tchernovitzkï, aux sourcils très soulevés, vêtu d’un veston assez propre, pas neuf cependant, mais soigneusement réparé, bien qu’il fût le plus poli de tous et qu’il ne cessât de montrer sa chaîne d’or sur son gilet de satin, ne plaisait pas à Volodia. Il interrogeait sans cesse sur les occupations de l’Empereur, du ministre de la Guerre, et il racontait à Volodia, avec un enthousiasme factice, les actes héroïques accomplis à Sébastopol, exprimait le regret qu’il y eût si peu de vrais patriotes et, en général, montrait beaucoup de savoir, d’esprit et de sentiments nobles. Mais tout cela semblait à Volodia désagréable et feint. Ce qui le frappait surtout, c’est qu’il remarquait que les autres officiers parlaient à peine à Tchernovitzkï. Le junker Vlang, qu’il avait éveillé la veille, était aussi présent. Il ne disait rien, était assis modestement dans un coin, riait à un propos drôle, intervenait quand