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XIII

Resté seul avec ses idées, le premier sentiment de Volodia fut la peur de cet état troublé, sans issue, dans lequel se trouvait son âme. Il voulait s’endormir et oublier tout ce qui l’entourait et principalement lui-même. Il souffla la bougie, s’allongea sur le lit et ôtant sa capote s’en cacha la tête pour se débarrasser de la peur de l’obscurité qu’il avait gardée de l’enfance. Mais tout à coup il pensait : « Et si la bombe arrive, brise le toit et me tue ! » — Il se mit à écouter ; au-dessus de sa tête s’entendaient les pas du commandant de la batterie.

« Cependant si la bombe arrive, elle tuera ceux qui sont en haut, ensuite moi, au moins pas moi seul ». Cette idée le tranquillisa un peu et il allait s’endormir : « Mais, si tout à coup on prend Sébastopol, pendant la nuit. Si les Français arrivent ici ? Avec quoi me défendrai-je ! » Il se leva et se mit à