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la joue enflée et bandée, en manteau très léger et vieux.

— J’ai l’honneur de me présenter : l’enseigne Kozeltzov cadet, attaché à la cinquième batterie légère — Volodia prononça cette phrase préparée en entrant dans la chambre.

Le commandant répondit sèchement au salut, et sans lui tendre la main, l’invita à s’asseoir.

Volodia s’assit timidement sur la chaise proche de la table à écrire et se mit à jouer avec une paire de ciseaux qui lui tombait sous la main. Le commandant de batterie, les bras croisés derrière le dos, la tête baissée, en jetant rarement un coup d’œil sur les mains qui tournaient les ciseaux, continuait à marcher dans la chambre de l’air d’un homme qui cherche à se rappeler quelque chose.

Le commandant de la batterie était un homme assez gros, un peu chauve ; il avait de grandes moustaches épaisses qui cachaient la bouche, des yeux bruns agréables, des mains belles, soignées, fortes, des jambes très arquées qui se campaient avec assurance et une certaine élégance et montraient que le commandant de la batterie n’était pas un homme timide.

— Oui — dit-il en s’arrêtant en face du sergent major, — à partir de demain il faudra augmenter la ration des chevaux des caissons, car ils sont très maigres les nôtres, hein ! qu’en penses-tu ?

— Quoi, on peut ajouter, Votre haute Noblesse !