Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/106

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion. Le tambour banda avec un mouchoir la tête du commandant et, le prenant sous le bras, le conduisit à l’ambulance.

« Où vais-je et pourquoi ? » pensa le capitaine en second quand il se ressaisit un peu. « Mon devoir est de rester avec la compagnie et de ne pas m’en aller avant qu’elle-même ne quitte le feu ! » lui murmurait une voix quelconque.

— C’est inutile, mon cher ! — dit-il en arrachant la main du tambour secourable. — Je n’irai pas à l’ambulance. Je resterai avec la compagnie.

Et il revint sur ses pas.

— Il vaudrait mieux vous faire panser comme il faut, Votre Seigneurie ! — dit Ignatiev. — C’est toujours comme ça, au premier moment on croit que ce n’est rien, mais ça peut empirer. Regardez comme le combat est chaud ici ! Vraiment, Votre Seigneurie !

Mikhaïlov s’arrêta un moment indécis, et il aurait, semblait-il, suivi les conseils d’Ignatiev, s’il ne s’était pas rappelé combien à l’ambulance il y avait d’hommes grièvement blessés. « Les docteurs souriront peut-être de mon écorchure », pensa le capitaine en second, et malgré les arguments du tambour, il revint résolument vers la compagnie.

— Où est l’officier d’ordonnance Praskoukhine qui marchait à côté de moi ? demanda-t-il au sous-lieutenant qui conduisait la compagnie.

— Je ne sais pas… tué il me semble, — répondit négligemment le sous-lieutenant.