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le luxe insensé de sa propre vie, de toute la vie des villes, des capitales, des maîtres. Tout lui devenait clair et indiscutable.

La lune, presque dans son plein, était maintenant au-dessus de la grange ; des ombres noires s’allongeaient dans la cour, et le toit de fer de la maison qui tombait en ruines, brillait.

Comme s’il ne voulait pas laisser passer ainsi cette lumière, le rossignol qui s’était tu se remit à siffler et à chanter.

Nekhludov se souvint comment, à Kouzminskoié, il avait pris la peine de réfléchir sur sa vie, de résoudre les questions que faire et comment ? Il se rappela comment il s’embrouillait dans ces questions qu’il ne pouvait résoudre, tant elles étaient complexes. Maintenant il se posait les mêmes questions et s’étonnait de les trouver si simples. Et elles étaient simples parce que maintenant il ne pensait plus à ce qui lui arriverait, cela même ne l’intéressait pas, mais il pensait uniquement à ce qu’il devait faire. Et, chose étrange, moins il pouvait décider ce qu’il devait faire pour lui-même, plus il savait ce qu’il devait faire pour les autres. Il savait maintenant d’une façon indiscutable qu’il lui fallait donner ses terres aux paysans, parce que c’était mal à lui de les posséder. Il savait indubitablement qu’il ne devait pas abandonner Katucha mais venir à son secours et être prêt à tout pour racheter sa faute envers elle. Il