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XXVIII

Nekhludov, au lieu de se coucher, se mit à marcher de long en large dans sa chambre. Ce qui le rattachait à Katucha n’existait plus. Il avait cessé de lui être utile, et cela le remplissait de tristesse et de honte. Mais autre chose l’inquiétait à présent. Une autre œuvre, loin d’être terminée celle-là, le tourmentait avec plus de force que jamais et exigeait de lui des actes. Tout cet horrible mal qu’il avait vu et constaté ces temps derniers, particulièrement aujourd’hui, en cette affreuse prison, ce mal qui avait perdu, entre autres, le brave Kriltsov, triomphait, régnait, et l’on ne voyait pas non seulement le moyen de le vaincre, mais même la façon de le combattre. En imagination il revoyait ces centaines et ces milliers d’êtres dégradés, enfermés dans un milieu pestilentiel par des généraux, des procureurs, des directeurs de prison