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XXVII

Dans une des salles des déportés, Nekhludov, à son étonnement, aperçut l’étrange vieillard qu’il avait rencontré le matin sur le bac. Ce vieillard loqueteux, tout ridé, était maintenant vêtu d’une chemise, que la saleté faisait couleur de cendre, déchirée sur l’épaule, et d’un pantalon de même étoffe ; il était assis à terre près des planches, pieds nus, et d’un air interrogateur et sévère il examinait les visiteurs. Son corps usé, qu’on apercevait par la déchirure de sa chemise sale, était faible et pitoyable à voir ; mais le visage avait une expression encore plus concentrée et plus animée que sur le bac.

À l’entrée des autorités, tous les prisonniers, comme dans les autres cellules, se levèrent brusquement et prirent une attitude militaire, mais le vieillard resta assis. Ses yeux luisaient, et ses sourcils se fronçaient avec colère.