— Qui sait ? Dieu fera nos comptes ! fit-elle, et des larmes brillèrent dans ses yeux noirs.
— Quelle brave femme vous êtes ! dit-il.
— Moi, brave ? Et à travers ses larmes un sourire navré parut sur son visage.
— Are you ready ? demanda l’Anglais à ce moment.
— Directly, répondit Nekhludov. Et il demanda à Katucha ce que devenait Kriltsov.
Elle se remit de son émotion et raconta avec calme ce qu’elle savait. Kriltsov, très affaibli par le voyage, avait été conduit aussitôt à l’hôpital. Marie Pavlovna, très inquiète, avait demandé à s’installer auprès de lui, comme garde-malade, mais on le lui avait refusé.
— Alors, je m’en vais ? dit-elle, voyant que l’Anglais attendait.
— Je ne vous dis pas adieu. Je vous verrai encore ! dit Nekhludov en lui tendant la main.
— Pardonnez ! prononça-t-elle d’une voix à peine perceptible.
Leurs yeux se rencontrèrent, et dans son étrange regard loucheur et dans le sourire navré avec lequel elle dit non pas « adieu », mais « pardonnez », Nekhludov comprit que des deux explications possibles de sa décision, la seconde était la vraie : elle l’aimait, lui, Nekhludov, et croyait lui ruiner son existence en y associant la sienne, tandis qu’en suivant Simonson, elle libérait