— Vous savez que votre grâce est accordée ? lui demanda Nekhludov.
— Oui, le surveillant me l’a dit.
— Ainsi, dès la réception de l’avis officiel, vous pourrez quitter la prison et vous installer où vous voudrez… Nous allons y songer…
Elle l’interrompit vivement :
— Je n’ai plus à y songer. Où sera Vladimir Ivanovitch, je serai aussi.
Malgré toute son émotion, elle prononça ces paroles rapidement, d’une voix nette, comme une leçon apprise, et les yeux levés sur Nekhludov.
— Ah ! ah ! fit Nekhludov.
— Quoi ! Dmitri Ivanovitch ! Il veut que je vive avec lui !… Elle s’arrêta comme effrayée et se reprit : Que je sois auprès de lui ! Quoi de mieux pour moi ? Je dois considérer cela comme un bonheur… Que puis-je souhaiter de mieux ?…
« De deux choses l’une : ou bien elle aime Simonson et ne tient nullement au sacrifice que je voulais lui faire, ou bien elle m’aime encore et renonce à moi pour mon propre bien, et brûle à jamais ses vaisseaux en unissant sa destinée à celle de Simonson ! » songea Nekhludov. Et il eut honte. Il se sentit rougir.
— Si vous l’aimez, dit-il.
— Eh quoi ! Aimer, ne pas aimer ? Je n’y pense plus. D’ailleurs, Vladimir Ivanovitch est un homme tout particulier.