le verra ! J’ai écrit, on ne m’écoute pas ! Qu’ils l’apprennent donc par la presse étrangère ! dit le général en s’approchant de la grande table où déjà la maîtresse de la maison indiquait aux convives leurs places.
Nekhludov était assis entre la maîtresse de la maison et l’Anglais ; il avait en face de lui la fille du général et l’ancien directeur de Département. Pendant le dîner, on parla de tout un peu : tantôt de l’Inde, que l’Anglais connaissait ; tantôt de l’expédition du Tonkin, que le général critiquait sévèrement ; tantôt de la corruption et de la concussion, générales en Sibérie. Toutes ces choses intéressaient fort peu Nekhludov.
Mais après le dîner, au salon, pendant le café, une intéressante discussion s’engagea entre l’Anglais et la maîtresse de la maison, au sujet de Gladstone, et Nekhludov eut le sentiment d’avoir exprimé au cours de cette discussion, beaucoup de choses intelligentes remarquées de ses auditeurs.
Après le bon dîner, après le vin, le café, Nekhludov, assis dans un fauteuil moelleux, en compagnie de gens aimables et bien élevés, se sentait de plus en plus à l’aise. Et lorsque, sur la prière de l’Anglais, la maîtresse de la maison se mit au piano avec l’ancien directeur de Département et jouèrent la cinquième symphonie de Beethoven, que tous deux exécutaient fort bien, Nekhludov éprouva un sentiment de satisfaction de soi-même