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empêchant de vous lier avec elle. Pour elle, son mariage avec vous serait une chute affreuse, pire que tout son passé, aussi elle n’y consentira jamais. Et cependant, votre présence la trouble.

— Alors, quoi, il me faut disparaître ? demanda Nekhludov.

Marie Pavlovna sourit de son joli sourire enfantin.

— Eh bien, oui, dans une certaine mesure.

— Comment cela, dans une certaine mesure ?

— Voilà, je ne vous ai pas dit exactement les choses… Enfin, pour ce qui la concerne, je voulais vous dire qu’elle doit certainement s’être rendu compte de l’amour exalté de Simonson (bien qu’il ne lui en ait rien dit) et qu’elle en est à la fois flattée et effrayée. Comme vous le savez, je n’entends pas grand’chose à ces questions, mais il me semble que de la part de Simonson il y a là un sentiment d’homme, très ordinaire, bien que dissimulé. Il prétend que son amour stimule son énergie et qu’il est platonique. Mais moi, je sens que si élevé qu’il soit il n’y a pas moins dans le fond quelque malpropreté, comme celui de Novodvorov pour Lubotchka.

Marie Pavlovna s’était éloignée de la question, entraînée par son thème favori.

— Mais moi, que me conseillez-vous de faire ? interrogea Nekhludov.

— Je crois que vous devriez lui parler. Il vaut toujours mieux une situation nette. Expliquez-