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de ses vues, tout était en effet très simple et très clair et, comme il le disait, il ne fallait qu’être logique. Sa confiance en soi était si grande qu’il lui fallait ou écarter les hommes ou les dominer. Et comme son activité évoluait dans un milieu de gens très jeunes qui prenaient pour de la profondeur et de la sagesse son assurance imperturbable, la plupart se soumettaient à lui, et il jouissait d’une grande popularité dans les milieux révolutionnaires. Son œuvre consistait à préparer la révolte qui lui donnerait le pouvoir et lui permettrait de convoquer le Zemski Sobor. Là, devait être proposé son programme à lui et il était absolument convaincu que ce programme résoudrait toutes les questions, et que rien ne pouvait s’opposer à sa réalisation.

Ses camarades estimaient sa hardiesse et sa décision, mais ils ne l’aimaient pas. Lui, n’aimait personne ; il traitait en rivaux tous ceux qui sortaient de l’ordinaire, et s’il l’eût pu, il eût agi envers eux comme le vieux singe mâle traite les jeunes. Il leur eût ôté toute leur intelligence, toutes leurs capacités, afin qu’ils ne pussent entraver la manifestation de ses facultés. Il n’avait de complaisance que pour ceux qui s’inclinaient devant lui. Ainsi agissait-il à présent envers l’ouvrier Kondratiev, qu’il avait converti à la révolution, envers Vera Efrémovna et la jolie Grabetz, toutes deux amoureuses de lui. En principe il