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étais si beau, et maintenant, comme te voilà ! Ce sont tes soucis, à ce que je vois.

— Je suis venu te demander si tu te souviens de Katucha Maslova ?

— Catherine ? Comment ne pas s’en souvenir ? Elle est ma nièce. Comment ne pas s’en souvenir ? Que de larmes elle m’a fait verser ! C’est que je sais tout. Eh ! petit père, qui n’a pas péché contre Dieu et n’est pas fautif envers le tzar ? C’est la jeunesse, et puis le thé, le café qu’on boit ! Et alors le malin qui s’est emparé d’elle ! C’est qu’il est fort, lui ! Et puis que faire, le péché est arrivé ! Si encore tu l’avais abandonnée, mais non, tu l’as récompensée. Tu lui as donné cent roubles ! Et elle, qu’est-ce qu’elle a fait ? Si elle m’avait écoutée, elle serait heureuse. Mais impossible de lui faire entendre raison. Bien qu’elle soit ma nièce, je te le dirai franchement, c’est une rien du tout. Elle aurait si bien pu rester dans la bonne place que je lui avais trouvée. Mais non ; elle n’a pas voulu se soumettre ; elle a injurié son patron ! Est-ce que nous avons le droit d’insulter nos maitres ? Alors on l’a renvoyée. Après, elle aurait pu vivre chez le forestier, elle n’a pas voulu y rester.

— Je voulais t’interrroger au sujet de l’enfant. Elle a bien accouché ici. Où est l’enfant ?

— L’enfant, mon petit père ? J’ai bien arrangé les choses. Elle était très malade, on ne pensait point qu’elle s’en remettrait, alors j’ai fait baptiser