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fait des lectures aux paysans et organisé parmi eux des sociétés de consommation et de production. Cette première fois, il avait passé huit mois en prison, puis on l’avait relâché, mais il était resté sous la surveillance de la police. Aussitôt libéré il était allé dans un autre gouvernement et, installé comme maître d’école dans un village, il avait continué son œuvre. Arrêté de nouveau, cette fois on l’avait gardé un an et deux mois. Là, il n’avait fait que se fortifier dans ses convictions politiques.

Au sortir de ce deuxième emprisonnement on l’avait déporté dans le gouvernement de Perm. Il s’était enfui. On l’avait repris, gardé sept mois en prison, puis déporté dans le gouvernement d’Arkangel. De là il s’était enfui une deuxième fois, et de nouveau on l’avait arrêté. On le condamna à la déportation dans le gouvernement de Iakoutsk. Ainsi il avait passé la moitié de sa vie soit en prison, soit en déportation. Mais loin de l’aigrir ou d’affaiblir son énergie, toutes ces épreuves n’avaient fait que lui donner plus d’entrain. C’était un homme résistant, digérant bien, toujours en mouvement, gai et vigoureux. Il ne regrettait jamais rien, ne se souciait guère de l’avenir et appliquait au moment présent toutes les forces de son intelligence et de son sens pratique. Quand il était en liberté il poursuivait le but qu’il s’était fixé, à savoir : l’instruction et