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— Eh bien ! le voyage est toujours agréable ? lui demanda-t-il non sans ironie.

— Oui, il y a beaucoup de choses intéressantes, répondit Nekhludov, affectant de n’avoir pas senti l’ironie et l’acceptant comme une amabilité ; et il se dirigea vers Kriltsov.

Nekhludov se montrait indifférent aux paroles de Novodvorov, mais en réalité, elles n’étaient pas sans effet pour lui. Cette intention de le blesser troublait sa bonne disposition, et Nekhludov devint triste et morose.

— Eh bien ! Et la santé ? demanda-t-il à Kriltsov, en serrant sa main froide et tremblante.

— Merci : ça va ! Seulement je n’arrive pas à me réchauffer ; j’ai été mouillé, dit Kriltsov en cachant vivement sa main dans la manche de sa pelisse. Et ici, il fait un froid de chien ! Et les carreaux qui sont cassés !

Il montra, à la fenêtre, deux trous béants derrière le grillage de fer.

— Et vous, pourquoi n’êtes-vous pas venu ?

— On ne me l’a pas permis : sévérité des chefs ! C’est aujourd’hui seulement que j’ai trouvé un officier plus aimable.

— Aimable ! Ah ! bien oui ! dit Kriltsov. Demandez donc à Marie ce qu’il a fait ce matin.

Marie Pavlovna, sans quitter sa place, raconta ce qui s’était passé avec la fillette, le matin au départ du convoi.