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X

Après avoir dépassé la salle des célibataires, le sous-officier qui accompagnait Nekhludov le quitta en lui disant qu’il reviendrait le chercher avant l’appel. À peine s’était-il éloigné qu’un prisonnier nu-pieds, relevant ses chaînes, s’approcha tout près de Nekhludov en exhalant une âcre odeur de sueur, et lui dit mystérieusement :

— Venez à notre aide, monsieur ! On a tout à fait entortillé le garçon. On l’a saoulé. Ce matin, à l’appel, il s’est dit Karmanov. Venez à son aide. Nous autres, nous ne pouvons pas, on nous tuerait, dit le prisonnier, en regardant avec inquiétude autour de lui, et s’éloignant vivement de Nekhludov.

Il s’agissait d’un forçat, Karmanov, qui avait décidé un prisonnier, qui lui ressemblait et qui