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V

Depuis Nijni jusqu’à Perm, Nekhludov n’avait pu voir Katucha que deux fois : une fois à Nijni, avant l’embarquement des prisonniers, sur un bac entouré d’un grillage de fer ; une autre fois à Perm, au bureau de la prison. À chacune de ces entrevues il l’avait trouvée renfermée et maussade. À sa question si elle se sentait bien et n’avait besoin de rien, elle avait répondu très évasivement, et, à ce qu’il lui semblait, avec cette hostilité qui s’était déjà manifestée autrefois. Cette humeur morose, provoquée exclusivement par les assiduités des hommes qui la poursuivaient alors, avait peiné Nekhludov. Il craignait que sous l’influence des conditions pénibles et corruptrices de ce voyage, elle ne retombât dans cet état d’hostilité contre soi-même et de désespoir qui la poussait à s’irriter contre lui, à fumer immodérément et à