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comme les moteurs principaux de toute leur activité. Ils suivent presque toujours les ordres de leur raison et s’y soumettent, tandis qu’ils suivent rarement et seulement après examen, ce qui a été décidé par les autres. Simonson était de ces derniers. Tous ses actes étaient décidés et contrôlés par sa raison, et, ce qu’il avait résolu, il le faisait.

Encore au lycée, il avait décidé que la fortune acquise par son père, un ancien intendant militaire, l’avait été malhonnêtement. Il demanda à son père de restituer cette fortune au peuple. Mais son père, loin de suivre son conseil, l’ayant chapitré, il quitta la maison et cessa de recourir à la caisse paternelle. Ayant décidé que tout le mal existant provient de l’ignorance populaire, aussitôt après sa sortie de l’Université, il entra en relations avec les populistes, se fit maître d’école de village et prêcha hardiment à ses élèves et aux paysans tout ce qu’il considérait comme juste, niant tout ce qu’il trouvait mensonger. On l’avait arrêté et jugé.

Devant le tribunal, ayant décidé que les juges n’ont pas le droit de le juger, il le leur avait dit. Les magistrats n’ayant pas tenu compte de cette remarque et poursuivant leur besogne, il résolut de ne pas répondre, et à toutes leurs questions il avait opposé un mutisme absolu. Il avait été condamné à la déportation dans le gouvernement d’Arkhan-