Il restait encore deux heures jusqu’au départ du train que devait prendre Nekhludov. D’abord il pensa employer ce temps à aller voir sa sœur : mais les impressions de la matinée l’avaient tant ému et fatigué, qu’assis sur le divan, dans la salle d’attente de première classe, il se sentit soudain une telle envie de dormir, qu’il s’allongea, la joue appuyée sur sa main, et s’endormit aussitôt.
Il fut réveillé par un laquais en habit, un numéro à la boutonnière, tenant une serviette.
— Monsieur ! monsieur ! Ne seriez-vous pas le prince Nekhludov ? Une dame vous cherche.
Nekhludov sursauta, se frotta les yeux, se rappela où il était et tout ce qui s’était passé le matin.
Dans ses souvenirs, il revit le convoi des prisonniers, les morts, les wagons aux fenêtres