— Quelle chaleur ! fit-elle joyeusement, en souriant.
— Avez-vous reçu les effets ?
— Oui, merci.
— Vous n’avez besoin de rien ? demanda Nekhludov sentant la chaleur qui montait du wagon surchauffé comme d’un poêle.
— Je n’ai besoin de rien. Merci.
— Ce serait bien de boire, dit Fédosia.
— Ah ! oui, boire, répéta Maslova.
— Vous n’avez donc pas d’eau ?
— On nous en a donné, mais on a tout bu.
— J’en parlerai tout à l’heure à quelqu’un du convoi, dit Nekhludov. Maintenant nous ne nous reverrons pas avant Nijni.
— Vous y allez donc ? demanda Maslova, en fixant sur Nekhludov un regard joyeux, comme si elle l’eut ignoré.
— Je pars par le train suivant.
Maslova ne répondit rien, et seulement quelques secondes après, elle poussa un profond soupir.
— Est-ce vrai, monsieur, qu’on a fait mourir douze prisonniers ? demanda d’une voix rude de campagnarde une vieille prisonnière.
C’était Korableva.
J’ignore s’il y en a eu douze ; j’en ai vu emporter deux, répondit Nekhludov.
— On dit qu’il y en a douze. Est-ce qu’on ne leur fera rien pour cela ? Quels démons !