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— Je les ferai enlever. Dieu merci, nous avons des forgerons ! dit le commissaire et, en gonflant de nouveau ses joues, il s’avança vers la porte et laissa lentement sortir l’air.

— Comment cela se fait-il ? demanda Nekhludov au médecin.

Celui-ci l’examina par-dessus ses lunettes.

— Comment ? Quoi ? Pourquoi l’on meurt d’insolation ? c’est bien simple : tout l’hiver ils sont enfermés sans mouvement, sans lumière, puis, soudain, par une chaleur pareille, on les emmène en foule, et là-dessus, le coup de soleil…

— Alors pourquoi les envoie-t-on ?

— Ah ! cela, allez le leur demander. Mais, permettez, qui êtes-vous ?

— Un étranger.

— Ah ! ah ! salutations !… Je n’ai pas le temps ! fit le médecin, en tirant avec humeur son pantalon et s’approchant des lits des malades.

— Eh bien ! Comment vas-tu ? demanda-t-il à l’homme pâle, à la bouche tordue et au cou bandé. Pendant ce temps, le fou, assis sur son lit, avait cessé de fumer, et crachait dans la direction du médecin.

Nekhludov descendit dans la cour, et sortit en passant devant les chevaux des pompiers, les poules et les sentinelles en casque de cuivre. Il remonta dans sa voiture, réveilla son cocher qui sommeillait de nouveau, et se rendit à la gare.