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osseux, un galon à la casquette, les mains dans ses poches, examinait gravement un gros cheval isabelle à la large encolure, qu’un pompier promenait devant lui. L’animal boitait d’une jambe de devant, et le capitaine parlait avec humeur au vétérinaire qui se trouvait près de lui.

L’officier de police était également présent. À la vue du deuxième cadavre, il s’approcha du charretier :

— Où l’a-t-on trouvé ? demanda-t-il avec un signe de tête de mécontentement.

— Rue Vieille Gorbatovskaia, répondit l’agent.

— Un prisonnier ? questionna le capitaine des pompiers.

— Parfaitement ! C’est le deuxième aujourd’hui, répondit l’officier de police.

— Eh bien ! En voilà un ordre ! Et quelle chaleur ! fit le capitaine. Et, se tournant vers le pompier qui emmenait le cheval boiteux, il lui cria : Mets-le dans l’écurie du coin ! Je t’apprendrai, fils de chien, à estropier des chevaux qui valent plus cher que toi ! Propre à rien !

Comme on l’avait fait pour le premier, le cadavre du prisonnier fut soulevé du chariot par les agents de police et porté à l’infirmerie. Nekhludov, comme hypnotisé, le suivit.

— Que désirez-vous ? demanda l’un des agents.

Sans répondre, Nekhludov alla où l’on portait le mort.