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l’autre attendait le petit verre qu’on remplissait d’une substance jaune.

— Où pourrais-je boire quelque chose ? demanda Nekhludov au cocher, sentant un irrésistible besoin de se rafraîchir.

— Près d’ici il y a un bon restaurant, répondit le cocher, et tournant un coin de rue, il arrêta Nekhludov devant un perron orné d’une grande enseigne. Un employé bouffi, en bras de chemise, debout devant le comptoir, et deux garçons, en blouses jadis blanches, qui, faute de clients, étaient assis devant les tables, regardèrent avec curiosité ce visiteur inconnu et lui proposèrent leurs services. Nekhludov commanda de l’eau de seltz et s’assit le plus loin de la fenêtre, devant une petite table recouverte d’une nappe sale. Deux hommes étaient assis à une autre table devant un service à thé et un carafon blanc. Ils essuyaient la sueur de leurs fronts et, tranquillement, faisaient des comptes. L’un d’eux était brun, chauve, avec une couronne de cheveux noirs au-dessus de sa nuque, qui ressemblait à celle d’Ignace Nikiforovitch. Cette ressemblance rappela à Nekhludov sa conversation de la veille avec son beau-frère et son désir de le revoir encore une fois, ainsi que sa sœur, avant son départ. « Je n’aurai pas le temps avant le départ du train, pensa-t-il. Mieux vaut écrire. » Il demanda du papier, une enveloppe, un timbre et, tout en buvant à petites gorgées l’eau