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XXXV

Le cortège était si long que les premiers rangs étaient déjà hors de vue quand les chariots portant les sacs et les malades s’ébranlèrent. À ce moment Nekhludov remonta dans sa voiture, qui attendait, et donna l’ordre au cocher de dépasser le convoi pour voir si, parmi les prisonniers, il n’y en avait pas qu’il connût, et parmi les femmes, pour retrouver Maslova et lui demander si elle avait reçu les effets qu’on lui avait envoyés.

Il faisait très chaud. Pas la moindre brise, et la poussière, soulevée par un millier de pieds, enveloppait les prisonniers qui se tenaient sur le milieu de la rue. Ils avançaient d’un bon pas, et le petit cheval de louage qui conduisait Nekhludov parvenait à peine à les dépasser. Rang par rang marchaient des êtres inconnus, l’air bizarre et terrible, remuant des milliers de pieds identiquement