que le voleur est celui qui s’est emparé de la terre, et, vis-à-vis des siens, il regarde comme un devoir toute restitution de la chose qui lui fut dérobée.
— Je ne comprends pas, ou plutôt si, je comprends, mais ne suis pas d’accord avec vous. La terre ne peut ne pas être la propriété de quelqu’un. Partagez-la aujourd’hui en parties égales, demain elle sera entre les mains des plus travailleurs, des plus habiles, dit Ignace Nikiforovicth, avec l’assurance tranquille et calme que Nekhludov était un socialiste, et avec la même assurance que la doctrine socialiste consiste dans le partage égal de la terre entre tous et que cette théorie est facile à réfuter, vu qu’un tel partage est parfaitement stupide.
— Mais personne ne vous parle de partager la terre par parties égales ; la terre ne doit pas être la propriété de quelques personnes et ne peut être un objet ni de vente, ni d’achat, ni de louage.
— Le droit de propriété est inné chez l’homme. S’il n’existait pas, personne n’aurait intérêt à cultiver le sol. Supprimer le droit de propriété c’est revenir aussitôt à l’état sauvage ! déclara avec autorité Ignace Nikiforovitch, répétant l’argument connu, et considéré comme irréfutable, en faveur de la propriété foncière, et qui consiste à dire que l’avidité pour la propriété foncière est la preuve de sa nécessité.
— Au contraire, on ne verra pas comme aujour-