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aussi égoïste, aussi sensuel, pour cet homme si ordinaire, et étouffer pour lui plaire tout ce qu’il y avait de bon en elle. Jamais il ne pouvait se rappeler sans souffrance que Natacha était la femme de cet homme suffisant, velu, au crâne luisant. Il ne pouvait même réprimer sa répulsion pour ses enfants ; et chaque fois qu’il apprenait qu’elle allait en avoir un, il avait l’impression qu’elle avait contracté de nouveau quelque vilaine maladie au contact de cet homme si étranger à eux tous.

Les Ragojinsky étaient venus seuls, sans leurs enfants, — ils en avaient deux, un garçon et une fille, — et ils étaient descendus dans le meilleur hôtel, où ils occupaient le meilleur appartement. Nathalie Ivanovna se rendit aussitôt dans l’ancien appartement de sa mère. Elle n’y trouva pas son frère, et ayant appris par Agraféna Pétrovna qu’il s’était installé en chambre meublée, elle s’y rendit. Un domestique crasseux qu’elle rencontra dans un corridor obscur, empuanti, éclairé même pendant le jour, lui déclara que le prince n’était pas chez lui.

Nathalie Ivanovna voulut entrer dans l’appartement de son frère pour lui écrire quelques mots. Le domestique l’y conduisit.

Nathalie Ivanovna examina attentivement ces deux petites chambres, où on l’introduisit. Elle y retrouvait la propreté, l’ordre méticuleux qu’elle