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minel dont parle l’école italienne. Il ne voyait en eux que des êtres personnellement antipathiques ni plus ni moins que ceux qu’il voyait en liberté, en habit, en épaulettes ou en dentelles.

Et Nekhludov s’attachait à étudier les causes de l’emprisonnement de ces individus des diverses catégories, à les comparer à d’autres individus, en tous points semblables, qui circulent librement et même jugent les premiers.

Nekhludov, d’abord, avait eu l’espoir de trouver dans les livres la réponse à ces questions, et il s’était procuré tous les ouvrages s’y rapportant. Il avait acheté les ouvrages de Lombroso, de Garofalo, de Ferri, de List, de Maudsley, de Tarde, et les avait lus attentivement.

Mais à mesure qu’il les lisait sa déception grandissait. Il lui arrivait ce qui arrive à tous ceux qui s’adressent à la science non pour s’acquérir le titre de savants, pour écrire, discuter, enseigner, mais pour trouver une réponse à des questions précises, simples, vitales. La science lui donnait la réponse à des milliers de questions des plus subtiles et compliquées, concernant les lois de la criminalité, mais elle n’en avait pas pour la question qui l’intéressait.

Il demandait quelque chose de bien simple : pourquoi, par quels droits, certains hommes se permettent-ils d’enfermer, de torturer, de déporter, de frapper, de tuer d’autres hommes, alors qu’eux-