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— Ah ! c’est dur maintenant ! ajouta le gardien. C’est terrible ! Il est ici ; on va vous annoncer.

En effet, le directeur se rendit bientôt auprès de Nekhludov. Le nouveau directeur était un homme grand et osseux aux pommettes saillantes, lent dans ses mouvements et morne.

— Les visites ne sont autorisées qu’aux jours réglementaires, et dans le parloir commun, dit-il sans regarder Nekhludov.

— C’est que je voudrais faire signer un recours en grâce.

— Vous pouvez me le remettre.

— J’ai absolument besoin de voir personnellement la détenue. Auparavant on m’y autorisait toujours.

— C’était auparavant, dit le directeur en jetant sur Nekhludov un regard rapide.

— J’ai une autorisation du gouverneur, insista Nekhludov en tirant son portefeuille.

— Permettez, fit alors le directeur sans le regarder en face. Il prit la feuille entre ses longs doigts blancs, osseux, dont l’index était orné d’une bague d’or, et il lut lentement le papier que lui avait remis Nekhludov.

— Veuillez passer au bureau, dit-il.

Cette fois, dans le bureau, il n’y avait personne. Le directeur s’assit à une table et se mit à feuilleter des papiers, marquant ainsi son intention d’assister à l’entretien.