Mariette se leva et, retenant d’une main sa robe de soie froufroutante, elle passa dans le fond de la loge, pour présenter Nekhludov à son mari.
Sans cesser de sourire des yeux, le général lui dit qu’il était très heureux, puis il se tut et redevint calme et impénétrable.
— J’aurais dû partir ce soir, mais comme je vous avais promis… dit Nekhludov s’adressant à Mariette.
— Si vous ne voulez pas me voir, vous verrez du moins une merveilleuse artiste, dit Mariette, répondant selon le sens de ses paroles. N’est-ce pas qu’elle était bien dans cette dernière scène ? demanda-t-elle à son mari.
Celui-ci approuva de la tête.
— Cela ne me touche point, dit Nekhludov. J’ai vu aujourd’hui tant de vraie souffrance que…
— Vraiment ? Eh bien, asseyez-vous et racontez.
Le mari prêtait l’oreille à leur conversation, avec un sourire des yeux de plus en plus ironique.
— Je suis allé voir cette malheureuse qui vient d’être enfin relâchée, après une si longue détention. Une créature absolument brisée.
— C’est la femme dont je t’ai parlé, dit Mariette à son mari.
— Ah ! oui. J’ai été très heureux de pouvoir la faire relâcher, répondit-il avec calme, en faisant un mouvement de tête ; et sous sa moustache se