Je me couchais, je me couvrais la tête, et à mon oreille une voix murmurait : « Tu l’as livré ! Tu as livré Mitine ! » J’avais beau savoir que c’étaient des hallucinations, impossible de m’y soustraire. Je voulais m’endormir, impossible ; n’y pas penser, impossible. C’est épouvantable ! s’écria Lydie de plus en plus animée, et continuant à enrouler autour de son doigt et à dérouler la boucle de ses cheveux, tout en regardant autour d’elle.
— Lydie, calme-toi, lui répétait la mère en lui touchant l’épaule.
Mais Lydie ne pouvait plus s’arrêter.
— Et ce qu’il y a de plus affreux… commença-t-elle.
Mais un sanglot l’empêcha d’achever. Elle se leva brusquement du divan, et, se heurtant au fauteuil, s’enfuit dans sa chambre. Sa mère la suivit.
— Il faudrait tous les pendre, ces misérables ! dit le lycéen qui était assis sur l’appui de la fenêtre.
— Qu’as-tu donc ? demanda la tante.
— Moi ? rien… comme ça, répondit le lycéen ; il saisit sur la table une cigarette et l’alluma.