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Quelque chose d’analogue s’était produit pour son mariage. On lui avait trouvé un parti très brillant, au point de vue mondain ; et il s’était marié, principalement parce qu’en refusant il eût chagriné ou offensé et la jeune fille qui désirait ce mariage et ceux qui l’avaient arrangé ; d’autre part, parce que l’union avec une jeune fille de bonne famille, d’ailleurs charmante, flattait son amour-propre, et lui était agréable. Mais son mariage, plus vite encore que son emploi et sa charge à la cour, lui parut n’être « pas ça ». Sa femme, après son premier enfant, avait déclaré n’en plus vouloir, et avait commencé à mener une existence mondaine, luxueuse, à laquelle, malgré lui, il devait prendre part.

Elle n’était pas très jolie, lui était fidèle, et, bien que de sa vie mondaine elle paraissait ne retirer qu’une extrême fatigue, en même temps que cela empoisonnait l’existence de son mari, elle s’y soumettait strictement. Il avait fait maintes tentatives pour changer cette vie, mais toutes s’étaient brisées, comme à une muraille d’acier, contre la certitude, soutenue du reste par ses parents et ses amis, qu’il le fallait ainsi.

L’enfant, une fillette aux longues boucles blondes, les mollets nus, demeurait pour son père un être complètement étranger, principalement parce que son éducation n’était pas du tout telle qu’il l’eût désiré. Entre le mari et la femme l’incompréhen-